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Conseillé par Yv29 mars 2023
Nouvelle série écrite par le très bon et très prolixe Jean-Christophe Portes, auteur de la série historique aux temps de la révolution avec Victor Dauterive et de la contemporaine avec le Groupe du Manoir mené par Colette et Denis Florin.
Cette série qui débute pendant la guerre est finement et richement documentée et met face-à-face des personnes ayant réellement existé dans des situations réelles et des personnages de fiction dont évidemment Lizzie et Mo. Et le tout fonctionne admirablement bien, on reconnaît ceux ayant vraiment vécu, et on peut se prendre même l'envie d'ouvrir une encyclopédie pour vérifier si untel et untel sont inventés ou pas. Ce que j'ai fait. Le roman débute en 1942, les nazis occupent le nord de la France, Pétain et ses sbires sont à Vichy. La pègre française dans sa majorité plonge dans la collaboration, par simple appât du gain, même si certains voyous vont plus loin et intègrent la Gestapo et iront parfois au-devant des demandes de l'occupant. "Parce qu'ils ont bien changé, ces derniers temps. Au début, ils se contentaient de racketter les Youpins ou de fournir en marchandise les bureaux d'achat boches. Mais leurs patrons frisés en veulent plus : ils ont collé un adjoint à Lafont, l'ancien flic marron Bonny, une célébrité d'avant-guerre. Lequel a transformé la racaille de la rue Lauriston en service de police secrète, avec fichiers tenus à jour, bureaux cloisonnés et même fiches de payes." (p.84)
Le contexte, comme toujours chez l'auteur, est formidablement mis en place et décrit, on s'y croit totalement. La grande histoire est truffée de petites histoires. Sans être historien, JC Portes sait la raconter, expliquer certains faits, comme le marché noir à grande échelle mené par les nazis et sous-traité aux voyous français. Bref, il crée une forte toile de fond qui exacerbe les passions et les trahisons.
Et au cœur de cela il y a Mo et Lizzie, pas censés se rencontrer et qui vont vivre une histoire d'attirance-répulsion dans un maelstrom d'aventures très plaisantes à suivre. L'auteur pousse le détail jusqu'à user d'une langue différente pour Lizzie, aristocrate anglaise et Mo, voyou des bas-fonds corso-parisiens. Chacun a ses chapitres, pour Mo, un langage plus familier, parfois argotique. Le tout donne un roman qui s'ouvre et se ferme quasiment sans qu'il soit possible de s'arrêter, le premier d'une série autour des deux héros que je souhaite la plus longue possible tant JC Portes a fait naître l'envie de continuer à suivre leurs aventures.
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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots9 mars 2023
1939-1945, espionnage
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce roman est ultra documenté, j’en veux pour preuve les dernières pages du livre qui explique certains personnages dans la vraie vie.
J’ai aimé le personnage de Lizzie, jeune anglaise issue de la haute noblesse (elle est cousine du Roi) qui se trouve projetée en plein Paris pendant la guerre.
J’ai eu du mal avec le personnage de Kenneth, son contact et chef, que j’ai trouvé très froid et distant. Le fait qu’il ne fournisse jamais d’explication m’a gêné.
J’ai aimé Kleber, le comptable juif au Byrrh citron.
J’ai découvert le BMA (Bureau des Menées Antinationales : les services secrets de Vichy) et le scandale des Bureaux d’achat, sorte de marché noir officiel.
Mais comme je ne suis pas fan de romans d’espionnages et d’agents retournés à s’en faire craquer les coutures du pantalon, je n’ai sans doute pas apprécié ce roman à sa juste valeur.
L’image que je retiendrai :
Celle de la fosse au fond hérissé de bambous mortels, image que Lizzie perçoit quand Momo-les-yeux-bleus veut lui tendre un piège.
https://alexmotamots.fr/oscar-wagner-a-disparu-jean-christophe-portes/